De nombreux pays sont équipés d’un système d’alerte national (figure 3) : le Japon (depuis 2007), le Chili (depuis 2011), l’Australie (depuis 2012), les Pays-Bas (depuis 2016), les États-Unis (depuis 2006), la Belgique (depuis 2017), la Roumanie ou la Tunisie (depuis 2020) par exemple. Cependant, une solution CBC/SMS n’existe pas en France, même si la technologie de diffusion y a été inventée en 1997, et les sirènes restent les outils d’alerte traditionnels depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Néanmoins, un décret européen adopté en 2018 oblige les États membres (dont la France) à mettre en place en juin 2022 un système d’alerte par messagerie basé sur la localisation des individus en temps réel.
Figure 3. Date de mise en place d’un système d’alerte national en dehors de la France.
D’un côté, ce projet propose de combiner différents canaux de diffusion dans une plateforme d’alerte globale. Les moyens utilisables en France (sirènes, automates d’appel, SMS, notifications push, emails, réseaux sociaux, sirènes…) fonctionnent de façon séparée, alors qu’ils ont été associés dans plusieurs pays depuis plusieurs années, parfois dans des plateformes uniques. En les combinant, on veut à la fois augmenter la part de la population informée et pallier les lacunes spécifiques à chaque outil, en particulier en situation dégradée. D’un autre côté, ce projet propose de faire reposer la solution d’alerte multicanale en se fondant sur le Common Alerting Protocol (CAP).
Le CAP est un standard international, permettant de décrire de façon complète le contenu d’une alerte. Il contient notamment les champs « description de l’alerte » et les « coordonnées de la zone concernée ». Actuellement, ce standard est diffusé principalement sur des appareils recevant de l’IP, c’est-à-dire que les canaux de diffusion de cette alerte sont dépendants de la disponibilité du réseau et de l’approvisionnement en énergie de celui-ci. Il est utilisé aux États-Unis depuis 2006 (dans la plateforme IPAWS), en Australie depuis 2012 (dans l’EWS), mais sa sensibilité aux coupures électriques ou à la congestion le rendent parfois inopérant.
Ainsi, en harmonisant ces technologies autour du protocole CAP, on propose de mettre en place une solution multicanale fonctionnant du mieux possible en situation dégradée tout en voulant favoriser une interopérabilité entre les canaux. Sur ce point, le démonstrateur aura une place importante pour la France, car elle pourra se replacer parmi les leaders de l’alerte à une échelle internationale.
Une « brique de connaissances » vient d’ailleurs alimenter ce projet ANR. De septembre 2019 à juin 2020, un état des lieux sur les bonnes pratiques en matière d’alerte a été réalisé dans 4 pays en dehors de la France (Australie, Belgique, États-Unis et Indonésie) par plusieurs membres du consortium. Des entretiens ont également été menés auprès d’acteurs représentant les services de l’État en France, à différentes échelles. Des constats et des recommandations ont été formulés, et le rapport a été rendu pour l’Institut des Hautes Études du Ministère de l’Intérieur en juillet 2020.
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