Retombées pour les JO 2024

Les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) constituent un accélérateur économique et territorial qu’il convient de sécuriser au maximum pour plusieurs raisons :

1) l’ampleur de la population (11 millions de spectateurs prévus dans les enceintes sportives, sans considérer les flux des Live Sites) ;

2) la manne financière attendue (un investissement de 6,8 milliards € pour des retombées estimées à plus de 10,7 milliards €) ;

3) le volume de brassage, considérable (17 000 athlètes et 200 000 personnes accréditées) ;

4) l’hétérogénéité des territoires (71 sites de compétition et 36 enceintes sportives) ;

5) les impacts médiatiques (3,5 millions de téléspectateurs et 25 000 journalistes), sans parler des autres bénéfices indirects (3,6 milliards € pour le tourisme, près de 250 000 emplois pérennes).

Cet événement ne doit donc pas être entaché par une alerte déficiente, par un manque de préparation des populations, par une inadaptation des messages diffusés ou par une non utilisation de technologies innovantes face à des menaces plausibles auxquelles les autorités et les publics devront être sensibilisés en amont. L’un des autres défis posés par les JO est la grande diversité des configurations (sites ouverts ou non, aménagés ou déjà en place pour recevoir l’événement, plans d’eau…). Le Village Olympique sera bien évidemment l’un des sites prioritaires. Il sera situé à cheval sur 3 communes (Saint-Denis, Saint-Ouen, L’Île-Saint-Denis), majoritairement sur des friches industrielles, et il couvrira une zone de 50 hectares. Mais il faut s’adapter à la flexibilité des bâtiments, à la topographie vallonnée de la parcelle exploitée et à la nature des activités, des bureaux, des équipements ou des autres services et espaces de loisirs (11,9 hectares). Ce site devrait être achevé en septembre 2023 (soit 10 mois avant le début des JO) et il représente un investissement conséquent, en particulier pour les promoteurs qui commercialiseront les logements après. 80% des sites se situeront aussi à moins de 30 minutes de ce Village Olympique et les 20% restants correspondent principalement à des sites en place, au sein desquels les Plans de Sécurisation peuvent présenter de grandes différences.

Les JO représentent par ailleurs un véritable challenge pour la France car les français restent des cibles passives et très dépendantes des secours (Lagadec, 2015 1 ; Douvinet, 2018 2). Pour que le citoyen soit réellement un « acteur de sa propre mise en sécurité » (objectif rappelé dans la Loi de Modernisation de la Sécurité civile de 2004), des campagnes de sensibilisation (rappelant les « gestes qui sauvent » ou les « bons » comportements à adopter face aux différents risques) sont régulièrement organisées. Elles sont intéressantes, mais des manquements subsistent : seulement 22% des français sont capables de reconnaître le signal d’alerte national (Deloitte, 2014 3), alors qu’il est crucial de savoir « quoi faire, à quel moment et comment », d’autant que les consignes de sécurité sont contradictoires en fonction des risques ou des menaces en jeu (ex : se calfeutrer en cas de risque terroriste ou d’explosion, monter à l’étage en cas d’inondation, évacuer en cas d’incendie…). Lors d’événements récents, des centaines de « morts certaines » ont été évitées grâce à la réactivité des services de secours, mais des victimes ont tout de même été déplorées (14 morts lors des inondations de l’Aude en 2018). Si des progrès ont été faits dans les écoles (grâce aux trois exercices annuels obligatoires dans le cadre du Plan Particulier de Mise en Sûreté depuis 2017), il faut donc poursuivre ces efforts en matière de formation si on veut que les citoyens soient réellement en mesure d’associer un comportement au message reçu.


1 Lagadec P. (2015). Le continent des imprévus. Journal de bord des temps chaotiques. Paris, France, les Belles Lettres, 254p.

2 Douvinet J.(2018). Alerter la population face aux crues rapides en France : compréhension et évaluation d’un processus en mutation. Habilitation à Diriger des Recherches (HDR). Université d’Avignon

3 Deloitte (2014). Système d’alerte et d’information des populations (SAIP), Note de capitalisation du projet (2009-2014)