Les catastrophes les plus meurtrières en France depuis le début du XXe siècle sont l’éruption volcanique de la montagne Pelée en 1902 (28 000 morts) et la vague de chaleur de l’été 2003 (surmortalité de 15 000 décès), auxquels viendra s’ajouter la crise sanitaire liée au COVID-19 (plus de 26 000 morts en juin 2020). Cependant, la répartition des événements dommageables ne reflète pas l’ampleur des risques.
En effet, des événements associés à une faible probabilité de retour mais d’une gravité supérieure, sont fortement redoutés, notamment des séismes (potentiellement très meurtriers dans les Antilles ou dans la région niçoise), des inondations centennales de la Loire ou de la Seine, ou une Tuerie de Masse (TDM), ce dernier faisant partie des catastrophes les plus prises au sérieux car elles occasionneraient des dégâts considérables, en particulier durant les J0. Si le coût imputé aux aléas naturels entre 1988 et 2007 s’élèvent à 34 milliards d’euros (dont 49% sont incriminés aux tempêtes, 33% aux inondations et 18% aux phénomènes de retrait-gonflement des argiles), les prévisions de la Caisse Centrale de Réassurances indiquent d’ailleurs un doublement de ces coûts à l’horizon 2050.
La mobilité des populations, les changements de pratique (induits en particulier par le numérique), les changements de vie (enclavement, concentration, vieillissement) ou les préoccupations quotidiennes (travailler, manger, subvenir à ses besoins) amènent cependant à occulter tous ces risques, que l’on relègue bien loin dans le temps et dans l’espace, et cela explique le déni de préparation et l’absence d’acculturation sur les enjeux autour de l’alerte pour une grande majorité d’individus en France. Dans un contexte évolutif et face à des menaces parfois imprévisibles, ce projet cherche aussi à rendre plus intelligibles les messages d’alerte ; à optimiser la diffusion spatiale et temporelle d’une alerte, en l’adaptant aux contextes (quel message envoyer selon l’aléa ou la menace en jeu ? sur quel canal ? et pour quoi faire ?) et aux besoins (comment le message serat-il compris ? comment éviter la saturation des réseaux, la congestion du trafic routier et/ou la panique individuelle ?), et à intégrer les mécanismes d’interprétation (utilisateurs vs. populations) dans la phase de conception du démonstrateur, pour gagner en dextérité, en agilité et en résilience.
Trop souvent, les innovations sont perçues dans leur seule dimension technique, alors même que pour être efficaces, les solutions technologiques doivent être socialement appropriées, acceptées, connues et maîtrisées (Alter, 2010 1 ; Durance, 2011 2), sinon une innovation si parfaite soit-elle conduira à un échec commercial (les exemples sur ce point sont nombreux, à l’image des premiers smartphones créés en 1996, mais qui n’ont connu qu’un réel succès à partir de 2007, soit plus de 10 ans plus tard).
1 Alter, N. (2010). « On ne peut pas institutionnaliser l’innovation ». Dans J.L. Klein et D. Harrisson (dir.), L’innovation sociale. Émergence et effets sur la transformation des sociétés, (p.139-149). Québec, Canada : Presses de l’Université du Québec.
2 Durance, P. (2011). L’innovation sociale ou les nouvelles voies du changement. Rapport pour la Fondation MACIF. 74 p.